Il s’agit ici de la principale recommandation formulée par Raïssa Nfini dans le cadre de la soutenance de son mémoire de Master 2 présenté le 27 Mai 2022 à la Faculté des Sciences (FS) de l’Université de Douala.
A en croire cette dernière, la construction des barrages et des systèmes d’irrigation figure parmi les entreprises ayant des conséquences directes et sensibles sur l’environnement. Sous le ciel camerounais, des observations similaires ont déjà été effectuées par le passé. Une étude récemment menée dans la localité de Nyabessan, au Sud Cameroun par Dr Lily Mbackop, chercheure rattachée à l’Organisation de Coordination pour la Lutte contre les endémies en Afrique Centrale (Oceac) a révélé des changements dans la composition et la densité des vecteurs de paludisme après la construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele entamé en 2012. Ces mutations seraient par la suite responsables de l’augmentation du risque de paludisme ; dans la mesure où, il y a été observé une croissance exponentielle de la densité des populations d’Anophèles gambiae s.l connus comme étant au nombre des plus importants vecteurs du paludisme. Il apparait que la réalisation des projets d’aménagement hydrauliques comme celui d’Emana-benyada crée un cadre favorable à la prolifération des vecteurs du paludisme à travers la création des gîtes. Ce qui, de fil à aiguille constitue une sérieuse menace pour la santé des riverains.
Le présent travail a été entrepris avec pour objectif général, d’évaluer la transmission du paludisme et le niveau de susceptibilité des anophèles aux insecticides à Emana-benyada. Pour y parvenir, Raissa Nfini s’est employée à inventorier la diversité de la faune culicidienne présente à Emana-benyada ; ensuite, elle a déterminé quelques indicateurs entomologiques de la transmission du paludisme dans ladite localité avant de tester la susceptibilité des vecteurs du paludisme aux insecticides dans sa zone d’étude.
La conclusion de ces travaux laisse remarquer que le cadre spatial de l’étude héberge une diversité de genres de vecteurs; plus précisément des Mansonia, Culex, Aedes et Anopheles. On y rencontre également plusieurs espèces d’anophèles parmi lesquelles Anopheles gambiae s.l, Anopheles funestus et Anopheles nili. Parvenue au terme de cette étude, elle a réalisé que l’Anopheles gambiae s.l est l’espèce la plus agressive dans la localité, secondée par l’Anopheles funestus. Selon les évidences obtenues, elle conclut que l’Anopheles gambiae s.l entraine une forte transmission du paludisme, avec Anopheles funestus au second rang. Leurs souches locales ont montré une résistance aux insecticides de la classe des pyréthrinoides et des carbamates recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Au regard des inquiétudes suscitées par ses résultats, Raïssa Nfini recommande un renforcement de la sensibilisation des populations riveraines des sites des grands ouvrages sur la question de l’importance d’un usage approprié de la moustiquaire et de l’assainissement régulier des alentours des habitats. La jeune chercheuse met l’emphase sur le traitement des gîtes larvaires créés par des larvicides. Pour ce qui est de la suite à court et à moyens termes de ces travaux, cette dernière compte premièrement passer à la détermination de la composition spécifique de la population vectorielle en utilisant des outils moléculaires ; ensuite elle déterminera l’intensité de la résistance, ainsi que les mécanismes mis en jeu et leur impact sur la transmission du paludisme.
Ces travaux de Raissa Nfini entre dans le cadre de la rédaction de son mémoire de Master 2 portant sur le thème « la transmission du paludisme et profil de sensibilité des anopheles aux insecticides dans le site d’aménagement des canaux d’adduction d’eau à Emana-benyada », situé dans la région du Centre au Cameroun. Le jury constitué des enseignants de la Faculté des Sciences de l’Université de Douala a approuvé cette étude. Pour la jeune chercheure c’est la fin d’une étape, mais aussi et surtout le début d’une nouvelle aventure académique.