Moustiquaires. La résistance des moustiques aux insecticides préoccupe
Par Olive Atangana
Les chercheurs impliqués dans la lutte contre le paludisme étaient réunis à Yaoundé le 5 mai dernier. Le temps d’un symposium, ils ont discuté et évalué l’état d’avancement des recherches sur cette maladie au Cameroun. Le constat majeur fait donc état de la résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides. En d’autres termes, les moustiques résistent aux insecticides imprégnés sur les moustiquaires. D’après le Pr Wondji Charles, directeur exécutif du Centre for research in infectious diseases (CRID) et son équipe, il s’agit d’un gène impliqué dans la résistance aux pyréthrinoïdes et un autre impliqué dans la résistance croisée aux carbamates.
Résultat, « Les moustiquaires utilisés en ce moment sont comme les médicaments qui ne soignent pas bien. Les données nous montrent qu’il faut absolument changer de moustiquaires », reconnait le Pr Albert Legrand Same. Après avoir passé en revue les facteurs responsables de cette résistance et les différents mécanismes de résistance, le Pr Wondi a en effet a recommandé « l’utilisation de nouveaux insecticides avec des modes d’action différents soit en imprégnation dans les moustiquaires à l’instar du chlorfenapyr, soit en pulvérisation comme la clothianidine seule ou encore en combinaison avec un pyréthrinoïde ». Par ailleurs, il préconise d’effectuer des bio essais pour évaluer leur efficacité avant de les déployer dans une région donnée.
En fait, « pour améliorer l’efficacité, on a prouvé à travers des études qu’en ajoutant un 2e insecticide ça rendrait ces moustiquaires plus efficaces, ça réduirait le taux de transmission et ça ferait que le fardeau du paludisme puisse être davantage diminué », explique le directeur exécutif du CRID. Mais, si la nécessité de les changer pour adopter celles dites de nouvelles générations s’impose aujourd’hui plus que jamais, pour en arriver là, « il faut que les données de la recherche soient validées par une seule direction au Cameroun : celle de la recherche scientifique », explique le Pr Same. Et donc, « Si le ministère est d’accord, nous allons le faire. C’est lui qui donne l’aval», indique ce dernier.
Plusieurs sessions ont meublé cet échange entre experts. Notamment, le contrôle des vecteurs, la chimioprévention et prise en charge du paludisme et la communication pour le changement de comportement. « Parce que si on a de meilleurs outils et que les populations ne les adoptent pas peut-être parce qu’on ne communique pas bien, alors on n’aura pas un grand impact », justifie le Pr Same. Le but de ce symposium était de savoir quelles ont été les avancées au cours de l’année 2021 et début 2022 sur les recherches en ce qui concerne cette maladie endémique dont la lutte nécessite la collaboration de tous. « Il peut arriver que les chercheurs fassent les travaux mais qui restent en isolation et ça ne bénéficie pas au Cameroun », indique le Pr Albert Legrand Same. Pour lui, « Il faut mettre sur pied les politiques idoines ».
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