Cette étude de Derrick Fofié se fonde aussi bien sur une analyse des données prélevées sur le terrain que sur des résultats obtenus au laboratoire. Elle s’achève par une serie de recommandations formulées à l’endroit des populations et des pouvoirs publics.
Ces travaux de Derrick Fofié ont été menés dans le cadre de la rédaction de son mémoire de Master en biologie et physiologie animale à l’Université de Yaoundé I, au Cameroun. « Avant cette étude, aucune enquête de surveillance entomologique n’avait été effectuée à Elendé ; localité du centre Cameroun » a déclaré le candidat. Il a été question pour lui de déterminer d’une part, l’abondance et la composition des vecteurs majeurs du paludisme présents sur les lieux; d’étudier leur comportement et les indices de transmission. Au-delà de ce qui précède, le jeune chercheur a mesuré le degré de sensibilité des vecteurs vis-à-vis des insecticides recommandés en santé publique. Pour finir, il va évaluer le rôle de la résistance aux insecticides sur la transmission du paludisme. Cette enquête est un travail de pionnier. Son objectif principal est de fournir des données de base propres à la dynamique de la transmission du paludisme dans la localité d’Elendé. Elle révèle qu’il existe une forte densité anophélienne à Elendé. Celle-ci est dominée par l’espèce Anophèles funestus. Derrick Fofié constate qu’au sein du cadre spatial de l’étude, cette espèce joue un rôle de premier plan dans la transmission du paludisme avec un indice sporozoïtique et des taux d’inoculation entomologique très élevés pendant la grande saison de pluie. Par ailleurs, les populations d’Anopheles gambiae présentent un niveau de résistance élevé face à presque tous les insecticides qui ont été testés à Elendé; à l’exception du Pirimiphos-methyl pour lequel une sensibilité totale a été observée. Les tests d’efficacité des moustiquaires commercialisées réalisés sur ces mêmes populations ont indiqué une performance réduite des moustiquaires standards mais avec une meilleure efficacité des moustiquaires de seconde génération qui ont la particularité de contenir le Butoxyde de pipéronyle.
De plus, la détection de la mutation L1014F-kdr à des fréquences élevées que révèle cette étude montre que ce mécanisme serait potentiellement impliqué dans la baisse de la performance des moustiquaires sur les moustiques résistants d’Elende. D’autre part, même si l’effet insecticide des moustiquaires est fortement altéré du fait de la résistance, leur propriété physique est indépendante et reste une barrière limitant les piqûres de moustiques pendant le sommeil. Ce qui réduit le risque d’une transmission de la maladie. La détection de la mutation L119F-GSTe2 a permis de montrer son implication dans la transmission du paludisme, où seuls les moustiques portant l’allèle résistant pour ce marqueur GSTe2_L119F étaient les plus infectés et par conséquent seraient les plus impliqués dans la transmission du paludisme dans la localité. Aux populations, Derrick Fofié recommande l’usage généralisé et régulier des moustiquaires. Dans la mesure où, il a été prouvé que celles-ci limitent la transmission du paludisme. Il soutient l’idée d’une intensification de l’assainissement aux alentours des domiciles. Aux pouvoirs publics, il recommande d’intégrer dans les programmes de lutte anti-vectorielle, la distribution des moustiquaires de seconde génération. C’est-à-dire, celles qui contiennent en plus de l’insecticide, du Butoxyde de pipéronyle; et de promouvoir les Pulvérisations Intra-Domiciliaires(PID) à base de Pirimiphos-methyl. Pour ce chercheur junior, il serait judicieux d’étendre cette étude à d’autres sites et d’évaluer l’association entre d’éventuels marqueurs de résistances et la transmission du paludisme. C’est ici une manière détournée de laisser entendre qu’il y a du pain sur la planche.