Ce constat a été fait par des chercheurs du CRID. Ces derniers confirment la circulation simultanée de trois sérotypes de la dengue dans le pays.
Il s’agit du résultat d’une enquête menée par Dr Huguette Simo Tchetgna, chercheuse associée au CRID. Ainsi, elle a démontré l’importance de surveiller les virus émergents et ré-émergents dans les zones urbaines d’Afrique en général et dans les métropoles en particulier. Suite aux travaux de son équipe, Dr Huguette Simo a constaté que la dengue occupe une part importante des accès fébriles aigus dans les hôpitaux publics de la ville de Douala, capitale économique du Cameroun. Elle a confirmé la présence de trois sérotypes du virus de la dengue (DENV), à savoir la dengue de sérotype 1 (DENV-1), 2 (DENV-2) et 3 (DENV-3). Par ailleurs, ils ont décelé des co-infections impliquant les sérotypes DENV-2 et DENV-3. Les résultats de cette étude montrent qu’entre Juillet et Décembre 2020, parmi les 320 cas de syndrome fébrile aigu examinés, 12,8 % des cas étaient positifs pour la dengue. La DENV-3 était le sérotype le plus fréquemment trouvé avec 68,3 %, suivi de la DENV-2, 19,5 % et de la DENV-1,4,9 %. Des co-infections de DENV-3 et DENV-2 ont été confirmées dans 3 cas. Il a été observé que l’infection par la dengue était plus importante chez les adultes pendant la saison des pluies. Si le taux d’infection se veut élever pendant la saison des pluies, ce n’est pas le fruit du hasard. L’augmentation de l’abondance des gîtes larvaires du vecteur à Douala durant cette saison expliquerait tout. Comme par le passé au Cameroun et ailleurs en Afrique, des co-infections entre la dengue et le paludisme ont été signalées, à des niveaux similaires aux 55,6% obtenus au cours de la présente étude.
Les degrés de co-infection paludisme-dengue peuvent refléter le faible statut socio-économique de la population touchée; puisque la transmission de leurs deux agents pathogènes par leurs vecteurs respectifs est favorisée par la mauvaise qualité des logements, une mauvaise gestion de l’eau et la pauvreté. En Afrique, les épidémies de dengue ont été enregistrées plus fréquemment dans de nombreux pays dont le Gabon, l’Angola, le Mozambique, le Kenya, l’Éthiopie, le Soudan et le Burkina Faso. Malgré que les quatre sérotypes DENV ont été detectés à travers l’Afrique, la co-circulation concomitante de deux sérotypes a été signalée pour la première fois au Gabon en 2013. Depuis lors, ce phénomène est de plus en plus courant. Recemment, la co-circulation de deux voire trois sérotypes à la fois ont été observés au Kenya, au Burkina Faso, au Nigeria et en Tanzanie. Toutes ces données font craindre une augmentation de l’incidence des cas de dengue sévère sur le continent africain à l’avenir. Au Cameroun, de nombreuses enquêtes effectuées au cours des vingt dernières années ont rapporté des taux de séroprévalence dans les zones rurales et urbaines, sans indication d’épidémie majeure. Cette étude du Dr Huguette Simo se veut transversale. Elle a été menée de Juillet à Décembre 2020 dans 4 hôpitaux de la ville de Douala; la plus grande métropole du Cameroun avec environ 3 millions d’habitants. On y trouve le climat tropical chaud et humide avec une température annuelle moyenne de 26°C et des précipitations de 3600 mm par an.