En dépit du fait que cet insecte ne passe pas inaperçu, il demeure mal connu du grand public. Les chercheurs du CRID ont trouvé en la journée mondiale du moustique l’opportunité pour expliquer toutes ces choses que plusieurs ignorent au sujet des moustiques.
Dr Emmanuel Elanga, Vice-Chef de Département d’Entomologie Médicale, CRID
Bon à savoir : « les moustiques sont les animaux les plus meurtriers au monde »
Les moustiques sont les animaux les plus meurtriers au monde. Ils sont porteurs de nombreux agents pathogènes qu’ils peuvent transmettre à l’Homme et aux animaux. Chez les moustiques, seules les femelles sont hématophages. En effet, après la fécondation de leurs œufs, elles ont besoin de protéines qu’elles tirent du sang des vertébrés qui sont soit des oiseaux, des mammifères ou des humains. C’est au cours de leur repas sanguin que les moustiques transmettent des agents pathogènes à leurs hôtes. Chez l’Homme, ils peuvent transmettre plusieurs maladies telles que le paludisme, les arbovirus (Dengue, Zika, Chikungunya et fièvre jaune), la filariose lymphatique, etc. Pour avoir leur repas de sang, les moustiques doivent d’abord rechercher un hôte. Ce faisant, les femelles localisent leurs hôtes grâce à l’odeur de ces derniers. En effet, lorsque nous respirons, nous libérons du dioxyde de carbone (CO2) ; de même, lorsque nous transpirons, nous libérons de l’acide lactique et les moustiques s’en servent pour nous repérer aisément. Toutefois, il faut relever que chaque personne dégage une odeur unique, c’est pourquoi l’attirance des moustiques diffère d’une personne à l’autre.
Dr Billy Tene, Chef du Département Communication, CRID
« La principale stratégie de lutte recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et reconnue comme la plus efficace est l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide »
Il existe plusieurs façons de combattre les moustiques et/ou d’éviter leurs piqûres. Celle qui est recommandée par l’OMS et reconnue comme la plus efficace est l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide. A celle-ci est ajoutée l’usage des insecticides efficaces sur les moustiques spécifiques de la région cible. Les chercheurs travaillent d’arrachepied pour produire des méthodes de lutte plus ciblées sur certains genres de moustiques et ayant le minimum d’impact possible sur l’environnement car il faut bien éviter de créer plus de problèmes qu’on en résout. Ces outils incluent les moustiquaires imprégnées de nouvelles générations, l’utilisation de moustiques transgéniques (moustiques génétiquement modifiés), la lutte anti-larvaire à l’aide d’éléments chimiques ou biologiques…Toutefois, à l’échelle personnelle, l’utilisation des produits anti-moustiques lorsqu’on va dans des zones à risque, la protection des ouvertures des habitations avec des grilles à mailles fines ou encore l’utilisation d’huiles essentielles à pouvoir répulsif dans les habitations sont d’autres mesures qui peuvent nous protéger des piqûres de ces insectes. Prendre soin de son environnement en éliminant les flaques d’eau qui servent de site de ponte pour les moustiques réduira de facto leur nombre et donc leur nuisance.
Dr Cyrille Ndo, Chef du Département de Parasitologie et de Microbiologie, CRID
« Le Centre de recherche sur les maladies infectieuses (CRID) reste résolument engagé à apporter son expertise dans la lutte contre les maladies transmises par les moustiques »
Les moustiques seraient les animaux les plus dangereux du monde. Ils transmettent plusieurs agents pathogènes responsables de maladies humaines qui causent des millions de décès chaque année. Parmi les maladies les plus courantes transmises par les moustiques figurent le paludisme, les arbovirus (Dengue, Chikungunya, Fièvre jaune, Zika, virus du Nil occidental), la filariose lymphatique, etc. Le Centre de recherche sur les maladies infectieuses (CRID) reste résolument engagé à apporter son expertise dans la lutte contre les maladies transmises par les moustiques. Ses chercheurs mènent des études de pointe dont le but est de développer des outils ou des approches pour mieux contrôler les moustiques, afin de réduire la transmission de ces maladies. Les principales recherches visent à comprendre : le comportement des moustiques, les mécanismes qui leur permettent de résister aux insecticides et leurs interactions avec les parasites qu’ils transmettent.
Les résultats de nos recherches montrent que les espèces de moustiques vecteurs sont très diversifiées et varient d’un endroit à l’autre (ex : zones urbaines vs zones rurales, zones forestières vs zones sahéliennes, etc.). Ces vecteurs présentent des comportements différents qui influencent le choix et l’efficacité des stratégies de lutte anti-vectorielle. Par ailleurs les essais réalisés au laboratoire et sur le terrain ont révélé que les moustiques vecteurs ont développé des mécanismes qui leur permettent de résister aux insecticides, en particulier ceux de la classe des pyréthroïdes, qui sont pourtant les seuls actuellement utilisés pour l’imprégnation des Moustiquaires Imprégnées d’Insecticide à Longue Durée d’Action (MILDA). Deux principaux mécanismes sont responsables de cette résistance ; notamment les mécanismes de type métaboliques (cytochrome P450, Estérases…, etc.) et les mécanismes de type moléculaire (mutations kdr et Ace-1). Ces mécanismes affecteraient la capacité des moustiques à développer les parasites. Par exemple, les études d’infection expérimentale des anophèles par le plasmodium ont révélé que les moustiques résistants aux insecticides développent des charges parasitaires plus élevées comparé aux moustiques sensibles. En dehors de la recherche, le CRID met aussi en œuvre des projets qui visent à promouvoir le partenariat entre les différents acteurs directement ou indirectement impliqués dans la lutte contre les maladies transmises par les moustiques, à l’exemple du projet PIIVeC (Partnership for Increasing the Impact of Vector Control). Enfin, le CRID contribue aussi au renforcement des capacités en matière de lutte anti-vectorielle à travers la formation des étudiants en Master et en thèse de Doctorat PhD, ou en organisant régulièrement des ateliers de formation en entomologie médicale.